Sonia Reboul

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Sexualité féminine : désir et libido

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Sexualité féminine : la libido et le désir

Quand le désir n’est pas là

La sexualité féminine, dans un grand pourcentage de cas, semble plus marquée que celle des hommes par une libido en vagues, un désir qui va et vient, des envies cycliques qui ne dépendent parfois que d’un rien. 

Pour schématiser, le cycle menstruel, les hormones féminines, les grandes étapes de la vie de la femme jouent un grand rôle dans les vagues de son désir sexuel, et cela fluctuerait plus tout au long de la vie que la testostérone masculine, elle-même lentement décroissante. Même si tout cela est bien plus compliqué que l’on ne le pense, et que les chercheurs cherchent encore. Comme la légende le dit, Freud aurait conseillé : « Si vous voulez en savoir plus sur les femmes, demandez aux poètes ».

Néanmoins, il semble de plus en plus évident que la méconnaissance de son corps, la rareté voire de l’absence de masturbation, l’ignorance de ses fantasmes, de ses zones érogènes et de ses plaisirs cloisonnent la libido féminine derrière un mur de croyances ancestrales, générationnelles, culturelles, sociétales et des clichés erronés venus de toute part.

Essai de décodage de ce sujet, ce « continent noir » si vaste qu’il mériterait une encyclopédie.

Le désir féminin

Il y a quelques années, un groupe pharmaceutique avait dit son intention de proposer un Viagra rose pour « lutter contre le manque de désir des femmes ». A ma connaissance, rien de tel n’a vu le jour. Et cela n’a rien d’étonnant, car heureusement, ou malheureusement pour certain.e.s, le désir féminin est bien trop complexe et profond pour se contenter d’une molécule, même rose. 
Beaucoup de la sexualité se joue dans le cerveau. Notamment au niveau limbique, siège des émotions. Et la Femme a à se sentir désirable pour entrer dans le désir, ressentir le désir d’être désirée. Désirable – Désirée – Désirante. (Déjà pas si simple…)
Elle entre en sexualité par l’émotionnel, l’affectivité, l’intimité avec son partenaire. Elle a besoin de sentiments, de sécurité et de communication pour faire l’amour, tandis que l’homme, lui, a besoin de faire l’amour pour entrer dans les sentiments et l’intimité. 
Quel vilain paradoxe que l’humain!

Troubles du désir et de la libido féminine

Les troubles du désir peuvent avoir de multiples causes, très différentes selon les personnes et l’histoire de leur sexualité. Le trouble de la libido peut être primaire : c’est à dire que le désir sexuel a toujours été faible ou absent. Il peut être secondaire, et la baisse survenir progressivement ou plus soudainement (suite à un événement déclencheur par exemple). Egalement, le trouble peut être situationnel (avec un seul partenaire, selon le contexte) ou généralisé (avec n’importe quel partenaire et partout).

La baisse de libido se définit comme la diminution ou l’absence : 

  • de pensées liés à la sexualité,
  • de fantasmes,
  • du désir de pratiquer l’acte sexuel seul(e) ou avec un(e) partenaire.
 
Cette baisse ou absence de désir conduit les femmes à ne pas ou plus prendre l’initiative de rapports sexuels, voire même à refuser les marques de tendresse, de peur que celles-ci puissent ‘donner des idées’ à l’autre. Elles n’y montrent que peu d’intérêt, parfois même n’y prennent aucun plaisir lorsque c’est le partenaire qui prend l’initiative. Beaucoup sont les femmes qui ‘se forcent’ pour ‘faire plaisir’ à leur conjoint(e). J’entend encore de nombreuses femmes me parler de « devoir conjugal », « Faut bien y passer », « Sinon, je sais qu’il va me quitter », « Au moins, après, je suis tranquille plusieurs jours… ».
Certaines femmes ne remarquent pas cette baisse, la laissent s’installer (« C’est normal, je suis maman maintenant. »…) , ou se sont habituées à l’absence de leur libido (« Ca ne m’intéresse pas », « Je n’y prend aucun plaisir. »…). D’autres se flagellent, se culpabilisent et se pensent anormales, frigides, nulles. Même en couple, elles prennent l’entière responsabilité de la diminution ou de la fuite de leur désir. Dans mon cabinet, j’exclue d’emblée la notion de « faute à sens unique » : le sexe est avant tout une affaire de partage. Et bien souvent, le désir s’éteint car certaines choses ont été ou sont dysfonctionnelles au sein du couple et de la relation. 
 
Les souffrances sont alors nombreuses, tant psychologiques (baisse d’estime de soi, émotions niées, honte, dégoût, colères, peurs…), parfois physiologiques (infections urinaires, irritations, mycoses à répétition), et également relationnelles (conflits dans le couple, éloignement, manque de communication, incompréhensions…).

 Les différentes causes de l’absence ou de la baisse du désir

Les causes des baisses et absences de libido sont nombreuses et diverses. Souvent, elles s’entremêlent et s’en-chaînent.

Les croyances, mythes, et héritages

On vient tou.t.e.s au monde dans des contextes, des cultures, des religions, des familles qui, parfois bien malgré nous, nous distillent, dès avant même notre naissance, croyances, mythes, interdits, tabous et idées sur la sexualité. Provoquant culpabilités, peurs, honte, absence de communication et autres joyeusetés. Egalement, cela peut conduire à un apprentissage caduque, voire même parfois inexistant. 

L’apprentissage de la vie sexuelle

Lorsque la vie sexuelle débute sous le joug de ces croyances et tabous, lorsque aucune discussion ne répond aux questions, souvent, le corps de la jeune fille reste un grand inconnu, et notamment ses parties génitales. Et je ne parle pas du clitoris, sacrilège héritationnel par excellence! La découverte de son corps, la masturbation sont alors inhibées, vécues comme malsaines, voire sales. Le désir est nié, oublié, la jeune fille utilise tous les subterfuges pour faire taire les premiers frémissements de son désir. Qui s’éteint.

Et les premières fois sont alors souvent sources de désenchantement pour ces jeunes filles qui s’ignorent. En effet, comment vivre du plaisir à deux lorsque l’on ignore soi-même quoi faire pour s’en donner? On attend alors tout de l’autre, qui, la plupart du temps, ne sait pas plus quoi faire pour le plaisir de la jeune fille! Là également, les fausses croyances font beaucoup de dégâts! (Mythe de la toute-puissance pénétrationnelle et le grand inconnu qu’est le clitoris…).
Et l’apprentissage se poursuit sur ces bases fausses et fragiles, sans désir, ni plaisir. Le sexe n’est pas ce qu’il devrait être : un jeu! 

Des pressions et des échecs

Ça se poursuit donc, en pressions et échecs multiples : « J’y arriverais jamais », « Je suis nulle et frigide! », « Lui il jouit, moi je subis! », puis en colères, frustrations et accusations : « C’est sa faute, il éjacule trop vite! », « Il sait pas y faire! »… 
Sans oublier que le partenaire peut se sentir frustré et intensifier cette pression pour obtenir des rapports sexuels plus fréquents. Et le refus pèsera sur sa propre estime de soi, son envie d’accompagner l’autre dans sa recherche, dans son désir de lui procurer du plaisir (« Si elle aime pas ça, ça sert à rien! »)… Et risque de rejeter l’entière responsabilité de la sexualité du couple sur sa partenaire, sans chercher à se remettre lui et sa propre sexualité en question. 

Les abus, traumatismes et peurs

Les abus d’ordre sexuels, les viols, l’inceste, les attouchements et les relations non-consenties amènent leur lot de traumatismes, et de peurs, mais aussi colères, dégouts et tristesses. La vie des Femmes est ponctuée par des abus et des traumatismes. De tout type. Une femme qui se promène dans les rues d’une grand ville peut être importunée plusieurs fois en quelques minutes, regardée, abordée, insultée, rabaissée, parfois frottements, attouchements et violences sont quotidiens. Et il y a les viols, les abus sexuels physiques, le harcèlement et aujourd’hui via réseaux sociaux. Et l’inceste qui sévit trop souvent encore en silence. 
Quand on nait femme, que l’on ait vécu ou non un ou plusieurs de ces abus et traumatismes, même en étant épargnée, on porte en nous cette peur indistincte, cette petite voix qui nous dit de faire attention. Quand on sort, quand on s’habille, quand on rentre le soir seule, quand on traverse un restaurant et qu’on sent des regards sur nous, quand on fait l’amour et qu’on a peur de tomber enceinte, d’avoir mal, de ne pas oser dire non… C’est comme si des générations de femmes parlaient à l’intérieur de nos cellules pour qu’on fasse attention à nous. 
Alors, bien sûr, pour certaines d’entre nous, c’est léger. Bien heureusement. Mais quand la peur est trop là, le désir est relégué au tréfonds : trop dangereux le sexe, trop dangereux le désir, surtout celui de l’Autre!
Certaines émotions ne font pas bon ménage avec le désir et la libido! Peut-être parce qu’elles inhibent certaines hormones comme la dopamine?

Dopamine et libido

Pour faire simple, la dopamine est lhormone du plaisir. Lorsque nous faisons une bonne action, que nous réussissons quelquechose, que nous mangeons un truc bon ou que nous nous étirons après une bonne séance de sport, le cerveau reçoit par cette hormone un message de type « humm cest bien ça! » . Et nous incite à recommencer pour retrouver ce même plaisir! Cest d’ailleurs le besoin daller chercher de la dopamine qui nous pousse parfois (trop) vers certaines substances addictives (tabac, drogue, sucre, alcool, porno, jeux vidéos). 

On sait aujourdhui que la dopamine est l’une des nombreuses hormones présentes lors que lon éprouve du plaisir sensuel et sexuel, et encore plus lors de lorgasme, et après. Ainsi, plus nos expériences sexuelles nous ont données plaisir, orgasmes et dopamine, plus notre corps va nous pousser à retourner en chercher! Comme avec un paquet dOreo!

Toutefois, l’effet est du style vice et versa : lorsque nous avons connu une majorité d’expériences décevantes, sans plaisir, sans satisfaction, avec des partenaires distants, ou peu impliqués dans notre plaisir, la joyeuse hormone fait défaut! Aucune raison alors pour nous d’aller chercher du sexe puisqu’il n’apporte rien en terme de plaisir ou récompense. C’est pareil quand on n’aime pas les Oreo! 

Et vi… Ça aurait pu être si simple! 

L’image et l’estime de soi

Un autre facteur important peut entrer en jeu lors de baisse de libido chez la femme : l’image et l’estime de soi. On a vu que le fait de se sentir désirée, d’être désirable est une clé du désir féminin. Alors, lorsque notre corps ne nous plait pas, ou plus ; lorsque notre image dans le miroir nous renvoie un reflet qui nous fait détourner les yeux ; lorsqu’on pense ne pas être « assez quelque chose » (belle, intelligente, mince, cultivée, intéressante…) ; lorsqu’on a nos pensées dirigées vers nos bourrelets, nos vergetures ou nos seins qui tombent ; lorsque l’on vit des moments difficiles ; alors ce désir ne peut être vécu. 
Notre partenaire a beau avoir envie de nous, le dire, le crier même, le montrer par tous les moyens dont il ou elle dispose, nous ne sommes pas en mesure d’accepter son désir pour nous. Nous ne pouvons désirer le désir de l’autre. Et notre désir s’évapore.

Situations difficiles, traumas, fatigue, troubles hormonaux…

La liste n’est pas exhaustive et bien d’autres situations, événements de vie peuvent faire fluctuer la libido, autant féminine que masculine, (traumas, deuils, maladies…), lors de périodes de fatigue, de dépression, de stress et d’anxiété, d’abus de drogues et d’alcool, d’anxiolytiques… Des troubles hormonaux, la prise de certains médicaments, ou à la suite d’actes chirurgicaux… peuvent agir de manière à faire chuter le désir. 

Quelles solutions?

En premier lieu, il est certainement utile d’explorer la propre histoire de sa sexualité, s’il y a lieu, nettoyer les émotions douloureuses consécutives à des expériences difficiles, traumas, viols et abus, douleurs, humiliations et/ou honte, par des séances soit en hypnose, soit via l’EMDRParfois, il sera même important de nettoyer émotionnellement certaines blessures générationnelles. 
Ensuite, travailler si besoin sur les croyances limitantes (la mère et la pute, le sexe est dangereux, sale…), les tabous et autres idées reçues sources de culpabilité et de rejet du désir/plaisir de la sexualité. Travailler également sur les différentes peurs (être à la hauteur, déplaire, décevoir…). Sur lestime de soi, son image, son corps.
Puis, explorer son corps et (ré)apprendre à se masturber. Trouver ses fantasmes. Aller à la recherche de son plaisir pour laisser naitre son désir. C’est un parcours enthousiasmant, et pour beaucoup, jouissif…

Pour le couple, la communication reste à mon sens essentielle. Il est bon de parler de sa sexualité dans le couple. De ce qu’on aime, de ce qu’on veut, de ce qu’on imagine, de ce qu’on pense que l’autre vit, et poser des questions, et oser dire ses réponses. Oser ses envies, ses fantasmes, ses non et ses oui. Ça ne se fera pas du jour au lendemain, c’est pas facile de parler de sexe, même (surtout?) avec celui ou celle avec qui on pratique! On peut apprendre.
Ensuite, apprendre à se connaitre, explorer son corps à la recherche de son plaisir, le corps de l’autre à la recherche de son désir. (Re)trouver des gestes, des caresses, créer d’autres scénario sexuels que le sacro-saint « bisous-caresses-pénétration-dodo ». 


Bonus Question-réponse

On me pose souvent la question de cette fameuse «  libido qui revient » suite à une infidélité. Effectivement, il est fréquent que certaines des femmes qui disent avoir une faible libido expérimentent lors de rencontres amoureuses (premières semaines, quelques mois) et lors de tromperie et/ou ruptures, un regain de leur désir sexuel. 

La nature est bien faite. La sexualité et l’orgasme, on l’a évoqué, permettent un déferlement d’hormones dont une que l’on appelle l’ocytocine. L’hormone de l’attachement par excellence. C’est par exemple cette hormone qui se répand chez la maman et le bébé pendant la tétée! Dire si elle est puissante. 

Ce regain de libido éprouvée dans ces périodes de rencontres et/ou de risques pour le couple permet alors de nous attacher l’affection de l’autre! Le corps, de manière inconsciente, cherche à se lier à un autre, ou à conserver ce lien, source pour lui de stabilité et de sécurité.

Attention toutefois à ne pas abuser de cette « peur de perdre » lautre. Ce nest ni automatique, a une durée de vie limitée et cela comporte des risques certains!

 Un continent si vaste à découvrir

Ce continent noir qui faisait si peur à Freud se laisse pourtant accoster et tout est alors à découvrir. Lorsque le désir se trouve, se retrouve, se réveille, il va alors être intéressant de l’observer, de le préserver, de le travailler! Cela pour ensuite le conserver, l’apprivoiser, continuer à évoluer, seule ou avec l’autre, consciemment, amoureusement, joyeusement. Magnifique cheminement non?

Je reçois en séance d’une heure adultes, couples et adolescents sur la commune de Bollène. Séances de coaching, thérapie et d’hypnose. N’hésitez pas à me contacter pour toutes questions et renseignements.

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